Des homophobes à l’Assemblée, une menace pour les minorités

Des homophobes à l'Assemblée, une menace pour les minorités

“Stérilisez-les !” [les homosexuels]* Pierre Lellouche, réélu dans la 4ème circonscription de Paris

“Ce texte[le PaCS] créé une équivalence entre l’homosexualité et l’hétérosexualité qui sont placés à peu près au même niveau. (…) C’est une sorte de maïs transgénique en matière de relation humaine.”* Renaud Dutreil, en ballotage favorable dans la2ème circonscription de l’Aisne

“le PaCS sera en réalité la voiture-balai des régularisations de sans-papiers, et cela nous ne pouvons l’accepter.”* Thierry Mariani, en ballotage favorable dans la 4ème circonscription du Vaucluse

Dimanche, Pierre Lellouche, Hervé Gaymard, René Galy-Dejean, Jean-François Mattéi et Gilbert Meyer, ont été réélus dès le premier tour des élections législatives.

Renaud Muselier, Renaud Donnedieu de Vabres, Renaud Dutreil, Dominique Dord, Dominique Versini, Pierre Cardo, Christine Boutin, Thierry Mariani, Patrick Devedjian, Henri Plagnol, Bernard Accoyer et Robert Grossman sont quant à eux en ballotage favorable pour le second tour.

Tous ces hommes et ces femmes étaient candidats de l’UMP, le parti de Jacques Chirac, au premier tour de l’élection législative et ils ont tous fait preuve au moment du PaCS (voir les citations ci-dessus) – ou après d’une homophobie particulièrement éloquente. Act Up-Paris exprime sa consternation et sa colère de voir ces homophobes confirmés dans leurs fonctions ou en passe d’être (ré)élus.

En cas de victoire de la droite au second tour, dimanche prochain, l’élection des premiers et la possible élection des seconds est une menace pour la sécurité des minorités. Depuis le 5 mai, la droite au pouvoir s’est déjà lancée dans une politique répressive à l’égard des minorités : répression des sans papiers, rafles de prostituées, recrudescence des agressions d’homosexuels par des policiers sur les lieux de drague.

Si le 16 juin, la droite est majoritaire à l’assemblée, elle aura avec des députés qui ont exprimé leur haine des homosexuels et des minorités, la pleine capacité de poursuivre et d’accentuer sa politique de répression des sans papiers, des prostituées, des homosexuels, des usagers de drogues et des malades du sida.

Act Up n’oublie pas le passé et appelle tous les électeurs à faire barrage à tous les députés homophobes et réactionnaires cités ci-dessus pour le second tour.

Act Up exige une loi qui pénalise l’insulte homophobe.

Act Up zappe l’ambassade de Chine à Paris

Act Up zappe l'ambassade de Chine à Paris

Le 6 septembre dernier, le Bureau de la Sécurité d’Etat a confirmé l’emprisonnement de Wan Yanhai, leader de la lutte contre le sida en Chine. Son crime est d’avoir publié sur internet un rapport administratif décrivant la manière dont le gouvernement Chinois a sciemment contaminé des centaines de milliers de paysans par le virus du sida, en refusant d’investir dans la sécurité transfusionnelle. La crise sanitaire résultante implique directement les plus hauts responsables des autorités Chinoises dans la mesure où nombre d’entre eux sont des notables de l’industrie du sang.

Depuis que les Nations Unies ont publié en août un rapport particulièrement alarmant sur le développement de l’épidémie de VIH en Chine (le nombre de personnes contaminées décuplerait d’ici 2010), le gouvernement Chinois commence à reconnaître l’étendue de la crise, doublant la semaine dernière les statistiques officielles à 1 millions de personnes. Pourtant alors qu’il qualifie la crise sanitaire posée par le sida de “très dangereuse” et demande 90 millions d’euros d’aide internationale, dans les faits la politique que mène le gouvernement Chinois consiste à :

-  jeter les malades en prison ;
-  protéger des criminels d’Etat et leurs politiques de contamination ;
-  interdire la promotion du préservatif ;
-  interdire la production et l’importation de médicaments génériques abordables ;
-  ordonner aux médecins de ne pas informer les personnes dont le test VIH est positif de leur statut ;
-  fermer les centres de dépistage et de conseil des associations ;
-  fermer les lignes d’information téléphoniques sida des associations ;
-  discriminer l’accès aux services de protection de l’enfance des orphelins du sida ;
-  criminaliser l’usage de drogue (passible de la peine de mort en Chine) et bloquer toutes les initiatives de prévention des contaminations et de contrôle de l’épidémie chez les usagers de drogue ;
-  criminaliser la prostitution et bloquer toutes les initiatives de prévention des contaminations et de contrôle de l’épidémie chez les prostituéEs ;
-  nier l’existence des homosexuels en Chine et bloquer toutes les initiatives de prévention des contaminations et de contrôle de l’épidémie chez les homosexuels.

Act Up-Paris exige du gouvernement Chinois la libération immédiate de Wan Yanhai et le lancement immédiat d’un plan national de lutte contre le sida et de prise en charge médicale réaliste, en conformité avec les engagements pris par la Chine lors de la Session Spéciale de l’Assemblée des Nations Unies consacrée au Sida juin 2001.

Act Up-Paris exige des présidents Chirac et Prodi qu’ils se prononcent publiquement, et usent de toute leur influence diplomatique et économique, en vue d’obtenir du gouvernement Chinois la libération immédiate de Wan Yanhai.

Et nous nous permettons d’insister

Et nous nous permettons d'insister

La gauche doit gagner les élections. C’est-à-dire que la droite doit les perdre. Il faut attendre le pire de ceux qui parlent de « frigidaire » quand on dit « hospitalité », ou qui évoquent la « mauvaise graisse » quand on défend le service public. C’est la moindre des raisons. C’est aussi la plus urgente.

Il y a une raison plus positive : la gauche officielle sait à l’occasion sortir de ses gonds, pour peu qu’on l’y oblige. C’était le sens de notre manifestation joyeusement minoritaire du samedi 17 mai. C’était l’objectif du forum qui a suivi, où nous avons interpellé les Verts, le PC, le MDC et le PS sur quelques points qui nous tiennent particulièrement à cur, cherchés en vain dans leurs programmes. Sous nos questions, les Verts, malgré le refus de leurs alliés électoraux, se sont déclarés favorables à l’abrogation de la loi de 1970, qui criminalise les usagers de drogues. Le PC, plus habitué à défendre les travailleurs, souhaite la représentation des chômeurs dans les instances administratives et paritaires. Le MDC, théoriquement hostile aux identités infra-républicaines, s’engage à défendre les droits des transexuels. Quant au PS, bien qu’ayant voté la loi Joxe, il désire aujourd’hui une « remise à plat complète des ordonnances de 1945 » relatives à l’immigration. Les quatre délégués, sans exception, se sont engagés à la création d’un contrat d’union sociale qui permette aux homosexuels la reconnaissance de leurs couples. Pour peu qu’on l’y pousse, la gauche officielle sait donc rompre la politesse des alliances consensuelles et, parfois, tirer le bilan de ses erreurs gouvernementales.

Mais il faut l’y pousser. Il n’y a plus, aujourd’hui, d’imagination ni d’audace propres à la gauche officielle. Il y a, au mieux, un acquiescement tardif et presque honteux aux exigences de la gauche réelle. Si aucun des quatre représentants n’a omis de s’engager à une régularisation des sans-papiers, les critères restent cependant restrictifs, approximatifs et variables : il s’agira des critères des médiateurs de Saint-Bernard, élargis (Verts), amputés (PS) ou renégociés avec ceux qu’ils excluent (PC) ; la figure du « clandestin » – pourtant détruite par les sans-papiers en lutte – rôde encore dans les discours.

La gauche a besoin de nous. Elle le sait sans doute quand elle accepte de nous rencontrer. Mais elle se trompe quand elle croit qu’elle n’aura à répondre qu’aux intérêts sectoriels de ceux qui travaillent sur le terrain social et à ne proposer qu’un catalogue de mesures palliatives. La gauche officielle ne semble jamais vouloir se départir de sa résignation à accepter les «évolutions en cours ». Que cette résignation prenne le nom de « maîtrise » chez ceux qui ont pour vocation de gouverner ne la rend pas plus acceptable. La gauche se trompe lorsqu’elle fait siens des principes canoniques qui la maintiennent sur les terres de la droite – obéir à la versatilité des marchés, sacraliser les grands équilibres comptables, précéder la phobie sécuritaire prêtée à l’opinion publique. La gauche se trompe en effet lorsqu’elle nous demande d’intérioriser son réalisme, alors que c’est à elle d’intérioriser nos réalités. C’est cette perspective-là qu’il s’agit de renverser. C’est à cet endroit que, lors des forum, nous avons rencontré les résistances les plus fortes. Or c’est là que se trouvent les verrous à faire sauter pour reconstruire une véritable logique de gauche.

Ce que la réalité exige aujourd’hui, c’est par exemple la dépénalisation de l’usage des drogues. La gauche doit comprendre que la répression de la toxicomanie expose les usagers de drogues aux épidémies de sida et d’hépatite C. Elle doit laisser à la droite le souci emphatique de « lutter contre la drogue » et aux psychiatres la certitude que la toxicomanie est une pathologie : le seul résultat concret de cette politique, ce n’est pas l’assèchement des trafics, mais l’emprisonnement des usagers, la clandestinité du shoot, la prise de risque forcée ; c’est aussi, lorsqu’on est malade, l’impossibilité d’accéder aux soins indispensables. La gauche a mieux à faire que « lutter contre la drogue » ; elle doit abolir la loi du 31 décembre 1970, et reconnaître que la santé et la liberté des gens importent plus que les phobies sécuritaires prêtées à l’opinion publique.

De même, la …